Laissez moi vous narrer ma journée, voulez vous ?
Je n'ai pas beaucoup dormi, un peu trop excitée à la perspective d'avoir les résultats du bac. Le matin, je suis fébrile, mais contente. Je sais que j'aurais le bac, même si je ne connais pas la Mention. En plus, un coup de téléphone me ravi, je suis heureuse pour l'intéressé. Bon, on finit par partir. Là, première douche froide. Aucune de mes amies ne semble avoir aussi hâte que moi. L'ambiance est un peu froide, un peu lourde. Bah, c'est pas grave, je ne me laisse pas atteindre, je souris toujours intérieurement. Et puis, j'ai tellement hâte ! On arrive enfin, nouvelle mauvaise surprise. Deux amis ne sont toujours pas là, et ne sont pas prêts d'arriver. Bon, tant pis... C'est un peu plus triste dans ma tête, déjà. Mais les résultats font changer ça : j'ai la Mention Bien ! Celle tant espérée, mais à laquelle je ne croyais pas trop ! Je retrouve le sourire, je cours chercher mes notes. Une nouvelle déception : je n'ai que 11 en philo... Moi qui suis habituée au 14 ou 15, ça fait un peu mal ! M'enfin, d'autres notes rattrapent, je suis juste assez dégoûtée. J'essaye d'échanger mes notes avec les autres, mais visiblement, elles n'en ont pas trop envie. Tant pis, je cesse de le faire, je retiens ma joie pour moi. J'ai quelques sms de félicitations, ça me fait plaisir, on s'engage sur le chemin du retour. Assez compliqué, abrégeons les détails. Mais, quelques remarques blessantes me font mal et me font déjà perdre mon sourire. Décidément, je suis donc la seule à vouloir parler des résultats, râler ou me réjouir ? Apparement, oui. Alors j'arrête définitivement, je range tout ça, je commence à me renfermer. J'apprends par la suite, que contrairement à ce que j'avais pu penser, je me retrouve seule, parfaitement seule cet après midi. Je croyais qu'on allait un peu rester ensemble, mais visiblement, tout le monde a déjà prévu quelque chose avec quelqu'un. Sauf moi. Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, l'ambiance étant mauvaise depuis la veille, et même avant. Je n'ai pas trop le choix, cependant, je pars donc seule de mon côté. Je traîne un peu des pieds, j'ai le coeur lourd. Tout ça m'a mis un coup au moral. J'espère qu'à la maison ça ira mieux, mais... Non. J'aurais juste voulu un "Je suis fier(e) de toi". Je n'en ai eu aucun. J'ai eu quelques félicitations d'usage, oui. Mais je n'avais plus trop le coeur à les écouter, déjà. Et puis, viennent les moqueries. Parce que je n'ai pas eu Très Bien. Alors, quand on voit à la T.V que des bacheliers ont eu Très Bien c'est : "oh, ils doivent être fiers, ses parents". Ou quelques remarques sur mon échec en philo. Ce sont des taquineries, mais ça blesse. Je n'ai pas cet humour, pas du tout. Le coeur n'y est plus, j'ai les larmes aux yeux. J'appelle les personnes de ma famille, mais visiblement, ça n'est pas de la plus haute importance, les appels durant 2 minutes, dont plus de la moitié sur la santé de ma soeur. Je sais qu'elle est malade, mais c'était de moi, qu'on parlait... Puis, je sors. Je vais chercher les médicaments. Je me sens vraiment très seule, mais c'est pas grave, on relève la tête. Quand ma mère rentre, elle ne me parle même pas de mes résultats. Elle sort ses courses. En effet, il y en avait un peu pour ma fête, mais ce n'était pas de ça que je voulais parler en premier... Après, elle écoute à moitié mes notes (qui sont quand même relativement bien, je trouve), tout en parlant avec ma soeur. Si je m'étais un petit peu ouverte, je me renferme aussitôt. Et ce soir ? Rebelote. Pas de repas "spécial". Pas de gentils compliments. Non, des moqueries, encore. Et même une enguelade parce que je ne souris pas assez. Qu'ils s'attendaient à passer "une bonne soirée". Oh oui, avec ma mère et ma soeur chez la kiné, mon père dormant devant la télé, un repas que je n'aime pas spécialement, c'était forcément une bonne soirée. Finalement, j'ai fondu en larmes, de toutes ces larmes que je retenais depuis le matin. Et maintenant, ils ne m'adressent plus la parole, parce que j'ai gâché leur soirée.
Voilà ce qu'a été, l' "un des plus beaux jour de ma vie".